La musique de Saïd Mesnaoui est avant tout une ouverture sur le monde. C’est ainsi qu’il tente sans cesse de jeter des ponts que ce soit entre des musiciens québécois, français ou d’ailleurs, que ce soit à travers les diverses influences musicales. Son rôle en tant qu’artiste est de transmettre des messages de paix, de joie et d’espoir, la musique est donc son medium de partage et d’échanges entre les cultures.

Lors de ses diverses productions musicales canadiennes, Saïd a exploré différents styles, d’abord traditionnel, puis fusion et pour ensuite effectuer un retour à ses racines avec son disque « La Montagne » aux couleurs de jazz-transe avec les musiciens québécois. Dans ses nouvelles compositions, Saïd concocte des mariages où se mêlent à la transe Gnawa tempo rock, pulsations reggae, blues africain.

Le jeu sonore comporte une ligne mélodique par l’apport du sax, violon, flûte, luth, guitare, basse, instruments qui confèrent à la musique soit un son oriental ou occidental. Les percussions tablas, derbouka, bendir, qraqeb propulsent le rythme hypnotique de la transe et procurent ainsi énergie et joie.

Saïd Mesnaoui avec son hajhouj (guembri), basse traditionnelle au son grave et mélodieux, nous transmet sa musique avec une telle force et passion. Saïd entretient la complicité avec les musiciens québécois et français qui ont su si bien apprivoiser sa musique. Il a travaillé à ses nouvelles compositions, pour son dernier album, « Fik-Anta (Réveille-toi) » dans une vue d’ensemble afin que l’album sonne comme un tout; qui nous transporte dans la magie des rythmes du début à la fin.


Les gnawas sont les descendants d’anciens esclaves noirs arrivés au Maroc entre le XVI et le XVIIIe siècle, déportés des pays de l’Afrique occidentale subsaharienne (Mauritanie, Guinée, Mali, Sénégal, Niger). Ils perpétuent la croyance en leur Saint Marabout, Sidna Bilal (esclave noir affranchi par Mahomet et l’un de ses premiers disciples), qui par sa musique, aurait guéri Fatima, la fille de Mahomet.

Leurs chants parlent de la vie des temps anciens, de l’esclavage, des maitres disparus, du murmure des rivières ou du vent. Jamais d’amour. La musique gnaoui-radicalement différente de la musique arabo-andalouse- est à vocation thérapeutique liée à des rites de possession. Proche des cérémonies vaudous d’Haïti, elle s’inscrit dans la tradition africaine en ajoutant des sonorités arabes.

En Amérique du Nord, le chant des esclaves a généré le blues, le negro spiritual et le jazz. Aux Antilles, le vaudou et la santeria. Au Brésil, la macumba et le candomblé. Au Maroc, le gnaoui.

Les Gnawas sont surtout connus en tant que musiciens populaires. Une musique où le rythme, le mystique et la transe s’entremêlent dans une ambiance fumigène et insensée. Une musique cathartique. Les gnawas pratiques un rite de possession appelé « derdeba » et qui se déroule la nuit (« Lila »). La cérémonie est généralement organise par une femme, « la talâa ». Ce terme, qui désigne l’action de monter, est utilisé ici parce la « talâa », dit-on, est avant tout celle qui fait faire monter à volonté son Melk allié lorsqu’elle consulte à domicile. Elle le fait monter par fumigations. Les musiciens gnawas jouent les devises de ces entités appelées ici « m’louk » (pluriel de « Melk »). Ils les invoquent et leur demandent de se manifester pour chasser les démons et la maladie.. L’instrument de musique principal chez les gnawas qui animent « la Lila de derdeba », le rite de possession, se nomme le Hajhouj (ou guembri, luth tambour à trois cordes et à registre bas. Il est constitué d’une caisse de résonnance et d’un manche en bois. Le bois utilisé peut être du noyer, de l’acajou ou du figuier.). Cet instrument est joué par le maître musicien (« le mâalem »). Le « mâalem » est également le chanteur de la troupe. Les autres musiciens de la troupe jouent les Qraqeb (sorte de crotales en métal) et de T’Bel (grands tambours). Ils réalisent également le contre-chant en répétant en chœur les devises chantées par le maître. Leur rituel est très codifié et comporte plusieurs étapes aux significations très précises. Généralement, la Lila dure toute une nuit du coucher du soleil à l’aube.

Avec cette musique qui se confond avec le sacré, on peut déguster la saveur de son origine. Tout dans la musique gnaoui est signification, enseignement profond, conjointement au plaisir esthétique et aux sensations qu’elle procure. Comme tous les arts, la musique n’est pas destinée au seul plaisir des sens, elle est connaissance et sa fonction véritable c’est à travers la beauté, l’harmonie et l’écho des sens sondés dans leur profondeur, d’éveiller l’être à lui-même et ainsi l’accorder à l’univers.

Saïd Mesnaoui puise son inspiration aux sources même de la tradition, tout en la respectant. Tout en maintenant des liens profonds avec le précieux héritage marocain, il cherche à le dépasser. Ce rythme fascinant se mêle à différentes pulsations et influences. Dans cette mouvance, il pose son regard sur le monde et cherche à ouvrir d’autres horizons afin de partager et faire comprendre son message de Paix et d’Espoir à toutes les cultures.